Musique & texte
« Il faut que vous laissiez chaque impression, chaque germe de sentiment, mûrir en vous, dans l’obscur, dans l’inexprimable, dans l’inconscient, ces régions fermées à l’entendement. Attendez avec humilité et patience l’heure de la naissance d’une nouvelle clarté. L’art exige de ses simples fidèles autant que des créateurs. » (Rilke, Lettre à un jeune poète)
Suites pour violoncelle de Bach et textes de Rilke… La voix troublante de Fanny Ardant et l’alto vibrant de Gérard Caussé magnifient ces œuvres emblématiques.
L’actrice allie ses talents de comédienne et son amour des belles lettres. Elle incarne les mots du poète autrichien, lesquels se déploient auprès des airs de Bach dans un élan musical saisissant. Rilke est d’ailleurs un poète mélomane, qui s’est beaucoup questionné sur la relation entre musique et poésie. Si au début de sa vie, il dit écrire contre la musique, la dernière période de sa production lyrique témoigne d’une confiance en la capacité du pouvoir de la musique à magnifier et célébrer le verbe poétique.
La transposition des suites de Bach à l’alto, instrument dont jouait le Cantor de Leipzig et dont les cordes sont identiques au violoncelle, était pour Gérard Caussé un projet auquel il était attaché depuis l’enfance. La création de ce spectacle tenait donc de la nécessité de l’évidence, pour un artiste convaincu de la richesse naturelle de cette transcription. Et le dialogue avec les vers de Rilke donne une respiration, presque existentielle, à la densité immense de chacune de ces Suites (Gérard Caussé).
Une rencontre au sommet entre deux univers sensuels et austères, lyriques et ascétiques dans le cadre envoûtant de l’abbaye de l’Escaladieu.