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Renaud Capuçon, Maxim Vengerov, Daniel Lozakovich, un tiercé de violonistes qui réjouissent les cœurs par l’intensité de leur jeu. Tous seront à L’Offrande Musicale cet été. L’occasion de partager le dossier de couverture consacré aux deux derniers par notre partenaire, le magazine Yvette :

 

VIOLONS DINGUES

Maxim Vengerov et Daniel Lozakovich, deux prodiges à L’Offrande Musicale

Peut-on appeler ça une infidélité ? Renaud Capuçon, la star française du classique, était de l’édition zéro de L’Offrande Musicale, quand il fallait convaincre les récalcitrants du phénomène qu’allait être ce festival qui offrirait la plus haute exigence artistique au public handicapé, et il revient cet été pour la quatrième année d’affilée. Rien n’interdit à L’Offrande de recevoir d’autres illustres violonistes. Car les plus grands artistes ont désormais rendez-vous sur notre territoire… et dans les colonnes d’Yvette qui a pu interviewer deux génies (et pas deux génisses, tu fais ce que tu veux de tes week-ends), en les personnes de Daniel Lozakovich et Maxim Vengerov. Si ça ne rime pas à grand-chose de parler des meilleurs violonistes du monde, on peut dire qu’ils sont au sommet de par leur capacité à transmettre des émotions. L’occasion de se demander ce que c’est que l’authentique génie, car pour en arriver là, il y a du travail, beaucoup, de la sensibilité, énormément, mais à la base un don pur.

Outre leur précocité (si t’as rigolé, tu peux prendre la porte) – Daniel Lozakovich a signé un contrat d’exclusivité Deutsche Grammophon à 15 ans, Maxim Vengerov jouait et enregistrait avec les plus prestigieux orchestres à même pas dix ans –, ces deux-là ont plus en commun que d’avoir été des enfants prodiges. Quelque chose comme une sensation de n’être pas tout à fait à une place assignée. Du haut de ses 23 ans, Daniel Lozakovich est le produit d’un « mélange de gènes kirghizes, ouzbeks, russes, belarusses, ukrainiens ». Durant son enfance en Suède, sa première professeure de violon qu’il débute tardivement… à 7 ans, ne l’accepte que parce que ses parents parlent russe comme elle. Mais il se met à en jouer immédiatement « comme s[‘il en avait] déjà joué dans une autre vie ».

Chants de l’Innocence…

Les récits sur l’enfance de Maxim Vengerov, bientôt 50 ans, alternent entre misérabilisme dans le froid sibérien de Novossibirsk, les gammes dans l’appartement familial en sous-sol, et souvenirs joyeux d’un « paradis culturel ». « L’URSS était un grand paradoxe. Le régime investissait beaucoup dans la culture. Beaucoup des meilleurs orchestres étaient en Sibérie. Vous aviez la chance d’avoir un grand professeur gratuitement. Quiconque avait du talent pouvait exceller. Et réussir dans la musique a aussi été un ticket pour l’Ouest. Très peu d’enfants pouvaient voyager, visiter comme je l’ai fait de nombreux pays d’Europe, le Japon… » Dès ses 4 ans ce fils d’un hautboïste et d’une cheffe de chœur, accepté par erreur dans une classe où la professeure attendait un autre petit garçon qui ne s’est pas présenté, va exceller et bientôt remporter des concours internationaux. Mais dans ce régime anti-religieux, être un petit garçon juif se résume pour lui à une phrase : « travailler plus dur ». « Je travaillais cinq à six heures par jour et je jouais au même niveau qu’aujourd’hui. »

Qu’elle sorte d’une éducation musicale intense ou de nulle part comme le talent de Daniel Lozakovich né d’un coup de foudre pour le violon dans une famille non mélomane, la virtuosité ne s’explique pas : « On naît avec, selon Maxim Vengerov, c’est déjà présent dans le code génétique dans les plus jeunes années. Menuhin jouait à son meilleur niveau à 11 ans. » Daniel Lozakovich ajoute : « La musique n’a pas de drapeau, pas de nationalité. Elle se donne à ceux qui ont le goût d’évoluer spirituellement. »

Mais pour devenir musicien, la virtuosité n’est pas grand-chose sans une personnalité et une force expressive. Daniel Lozakovich peut en témoigner, lui qui à 11 ans a parcouru l’Europe à la recherche d’un professeur et qui trouvera Josef Rissin : « C’est très difficile pour un violoniste de trouver un professeur qui vous convienne exactement. Il avait une façon différente de pratiquer, d’enseigner, sa propre technique, toujours au service de la musique. » Pour Maxim Vengerov, le salut viendra entre autres de la rencontre à 16 ans avec un immense violoniste, Isaac Stern, qui lui annonce qu’il devra découvrir par lui-même comment devenir un musicien et que lui-même n’avait pas reçu de conseil. « C’est le meilleur conseil qu’on m’ait donné. Si je ne l’avais pas rencontré, je serais resté un musicien très talentueux. Ayant grandi en URSS, je n’étais pas très flexible dans mon éducation. Pendant un an, sans professeur, j’ai joué avec de grands orchestres et j’ai progressé au contact des Mstislav Rostropovitch, Daniel Barenboim, Kurt Masur, Riccardo Muti… »

C’est le célèbre violoncelliste qui lui permettra d’entrer en contact avec ce qu’il appelle ses « racines musicales. « Il descendait en ligne directe de Chostakovitch et Prokoviev. Il était un témoin de première main de la façon dont ces grands compositeurs écrivaient, jouaient, pensaient, dirigeaient. La connaissance de Rostropovitch et d’autres était si importante que je ne pouvais que faire de mon mieux : jouer avec eux, c’était gravir l’Everest. »

C’est ce que vit depuis une décennie déjà Daniel Lozakovich. En 2023, il a publié un disque hommage à ses prédécesseurs violonistes, Spirits. En ce moment, il tourne beaucoup avec son pote David Fray : « On a joué tellement de programmes différents en un an… on change presque à chaque concert ! J’étais fan de lui quand j’avais 8 ans. Ses enregistrements de Bach et de Mozart me rendaient tellement heureux. David voit la musique comme aucun autre, il perçoit des choses qui ne sont pas dans la partition. La sensibilité, la couleur, le son. Il a la ce qui est le plus difficile à obtenir : un son qui lui est propre. Nous n’avons pas besoin de parler, nous ressentons l’un l’autre. »

…et de l’Expérience

Si le violoniste a été appelé à jouer la « Chaconne » de Bach devant le roi d’Angleterre et le président de la République lors de la visite d’État de Charles III, aucun honneur ne semble avoir raison de son envie d’approfondir ses recherches : « L’art, ce n’est pas arriver quelque part, atteindre un but. C’est un processus. Plonger plus profond dans l’inconnu, dans la culture, avec autant de curiosité que possible. C’est ce qui fait de nous des humains. » Et puis, tout prodiges qu’ils soient, des pièces peuvent leur rester plus difficiles d’accès. On dit que certaines œuvres nécessitent d’avoir des cheveux gris pour les interpréter. C’est le cas de la Sonate pour violon et piano de César Franck qui sera au programme de Maxim Vengerov et Vag Papian au concert d’ouverture de Lourdes le 29 juin, cette sonate qui a inspiré la fameuse Sonate de Vinteuil de Proust. « La Sonate de Franck, explique Maxim Vengerov est l’une des œuvres les plus pures de l’école franco-belge dont était issue ma première professeure, la plus grande école de violon selon moi. Je l’ai jouée la première fois à 38 ou 39 ans seulement. Le talent ne dépend pas du nombre des années, mais quand vous vieillissez, vous avez vécu de nombreuses expériences musicales. Chaque jour vous vous développez en tant qu’esprit. » Maxim Vengerov a sans cesse appris : le violon baroque, puis il a étudié la direction d’orchestre pendant 7 ans et il dirige aujourd’hui, même si « les gens veulent vous mettre dans une case. ».

Des expériences musicales donc, mais pas seulement. La vie de musicien classique est une aventure. Maxim Vengerov a pu se mettre à la direction d’orchestre suite à une blessure à l’épaule contractée à la muscu’, blessure largement commentée mais qui lui a ouvert de nouvelles voies. En 1997, il est le premier musicien classique nommé ambassadeur UNICEF et voyage « au Cambodge, en Thaïlande, en Ouganda. Les sourires des enfants devant la musique, c’est l’une des choses les plus joyeuses que j’ai vue de ma vie. On mésestime l’effet de la musique sur l’être humain. La musique est un miracle. »

Et des expériences plus intimes, pour celui qui émigra en Israël avec sa famille à 16 ans. En 2004, il se rendit au camp d’extermination d’Auschwitz dans le cadre d’un documentaire de la BBC et joua dans un climat plus froid encore que la Sibérie, avec un léger manteau pendant quatre ou cinq heures par -20°C. Et plus tard, un autre type d’expérience encore : devenir père. « Avoir des enfants a changé ma manière de jouer. On apprend l’amour, la compassion et la patience, toutes trois nécessaires à la musique. À l’approche des cinquante ans, j’ai quelques cheveux gris et j’ai l’impression d’arriver à la meilleure partie. J’aimerais jouer tout Bach qui demande non seulement du talent, mais la connaissance. »

Un avenir radieux s’ouvre pour cet instrument sans doute le plus émouvant. « Le violon peut chanter, rire, pleurer, exprimer une large gamme d’émotions, imiter presque tous les instruments et tous les sons comme le font les musiciens tziganes. Le violon se tient très proche du corps, il en fait presque partie. Le violon est le prolongement de mon cœur », résume Maxim Vengerov. Cet été il n’y aura non pas un violon, mais deux violons sur le toit. Le toit des Pyrénées.